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Noyal-Pontivy 29 décembre 1969 Le chant du pinson s'est tu pour toujours

Nous sommes le 29 décembre 1969 à l'hôpital de Pontivy. Maman vit son dernier soir parmi nous.

Je ne veux pas, sur cet article de blog, décrire ses derniers moments. Ils ont été déjà difficilement évoqués dans le livre.

"Sur le seuil de la grande porte, je hurle ma révolte à la nuit: "Pourquoi?" Seul l'écho répercute mon cri dans l'air glacé ...

 

Maman est partie pour toujours et ne reviendra pas. Nous l'avons installée à la maison dans son lit blanc qui nous a paru si grand...

 

Le corbillard ressemblait à celui-ci

Il tombe une pluie glaciale mêlée de neige, le jour où elle quitte sa chère cabane. Je revois le cheval de trait noir qui tire le corbillard. J'entends son pas lent et le claquement sec de ses fers sur la route. Maman repose dans son cercueil posé sur un plateau, dans une sorte de charrette à quatre roues, sous un  baldaquin noir festonné. Des pompons dodelinent leur fourrure en se balançant aux quatre coins. Triste décor pour ce manège de la Mort où celui qui réussira à attraper le pompon ne sera pas gratifié d'une autre chance. Nous suivons à pied en cortège.

 

 

  Le glas égrène ses notes: DoRé DoMi DoRé DoMi. Et soudain je crois entendre Maman les chanter en breton sur un refrain de sa composition, tandis qu'elle cueille les haricots dans son jardin: "Mataù-e-zo-marù-pemp-blank-m'em-bo!" qui se traduirait ainsi en français: "Mat-thieu-est-mort-j'au-rai-cinq-francs!" Que de textes inventés essayant d'imiter les chants des oiseaux, l'appel de l'Angélus ou l'accent du curé! Que d'histoires créées de toutes pièces relatant  les rivalités entre les personnes d'un village ou les facéties des lavandières!

Le cimetière de Noyal-Pontivy

   Maman repose dans le cimetière de Noyal-Pontivy dans une tombe donnée en héritage après le décès de sa mère. Des hommes ont descendu le cercueil à l’aide de cordes et il s'est laissé poser doucement au fond de la fosse, à même la terre dure et glacée.

 

Le pinson http://www.oiseaux-nature.com

Un étau étreint ma poitrine et me fait mal. Mes yeux sont secs, sans doute à force d'avoir trop pleuré. Un voile de brume couvre les tombes. Les visages sont blêmes de froid et de chagrin. Le chant du pinson s'est tu pour toujours. (Extrait du chapitre XI de mon livre "Une valise bien trop lourde")

 

 

 

***

Le  dernier voyage  en corbillard tiré par un cheval, ayant eu lieu vers le cimetière de Noyal-Pontivy, fut celui de Maman...

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À propos

Bernadette Lemarchand

Je suis née en 1948 en Bretagne, à Noyal-Pontivy. Je me suis mariée en 1973 et, tout en menant ma vie de famille avec nos quatre enfants, j'ai enseigné durant trente-cinq années en classe maternelle, collège et école primaire. Et voici qu'un jour, à l'aube de mes soixante-dix ans, je me suis décidée à écrire un récit intitulé: Une valise bien trop lourde. Ce blog raconte les coulisses de mon ouvrage et vous invite à y entrer pour me laisser vos impressions.
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S
Le pinson chante toujours! Grâce à lui, la mémoire de ta maman perdure.
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B
C'est vrai que, lorsque je l'entends, je voudrais répondre à sa question en breton... mais le chemin qui mène à Rescourio est si loin...