Noyal-Pontivy 1965 Tout le bourg doit savoir

Pour toute mère, son enfant est un dieu.

André Maurois

 " Lorsque nous arrivons chez nous, la cuisine sent bon la cire et le feu de bois. Alors elle me dit cette phrase en breton qui me parvient encore à l'oreille après plus de cinquante ans:

"degas er gadoer ha komz genein.",

ce qui signifie:

"Prends une chaise et parle-moi."

Le récit des événements qui se sont écoulés depuis les dernières vacances va prendre beaucoup de temps. Elle m'interrompt sans cesse pour que je précise certains détails! Ses yeux pétillent si elle entend une anecdote dont elle pourra tirer profit. Elle imagine déjà la manière dont elle va l'enjoliver ou la dramatiser pour une mise en scène devant son cercle d'auditeurs. J'insiste en général sur les épisodes heureux. Jamais je ne dis le moindre mot de mes problèmes ou de ma solitude.  
  

Noyal-Pontivy L'épicerie Le Bellour avant sa rénovation, dans les années 1960

La cueillette de nouvelles étant terminée, elle déclare innocemment que nous devons nous rendre à l'épicerie afin d'acheter un peu de farine, du lait ou du sucre.

Elle prétexte toujours avoir oublié un ingrédient pour préparer la traditionnelle pâte à crêpes qui va fêter mon retour. En fait, elle brûle d'envie de montrer sa fille, de raconter un ou deux détails croustillants qu'elle a retenus.

Maman, elle aussi, a une fille qui fait des grandes études et tout le bourg doit être tenu au courant des nouvelles fraîches." (extrait de mon livre "Une valise bien trop lourde")

Noyal_Pontivy Vue aérienne entre 1955 et 1959

Je recherche une photo du magasin Le Bellour dans les années 1970, faisant suite à celle que j'ai trouvée Merci.